Vous êtes ici

Contexte et définition

Les chemins de Compostelle au patrimoine mondial

La première inscription sur la Liste du patrimoine mondial relative aux chemins de Compostelle a concerné l'Espagne :

« Chemin de Saint-Jacques de Compostelle » (bien culturel n°669)

En 1993, ce bien espagnol a été inscrit sous la forme d’un linéaire continu, justifié par le jalonnement de 166 villes et villages, et de 1 800 bâtiments d’intérêt historique.

 

Le chemin de Compostelle en Espagne©JC Gil Ballano

Document en téléchargement :
Evaluation de l’ICOMOS pour le bien 669 (anglais et français)

 

 La deuxième inscription sur la Liste du patrimoine mondial relative aux chemins de Compostelle a concerné la France :

« Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France » (bien culturel en série n°868)

L’inscription a été décidée le 2 décembre 1998 par le Comité du patrimoine mondial réuni à Kyoto. Sa décision a été complétée en 1999 par une extension pour trois édifices aquitains.

 

La candidature a été préparée par le Ministère de la Culture (direction du patrimoine) et par les Conservations Régionales des Monuments Historiques. L’Etat a ainsi répondu à la recommandation du Comité du patrimoine mondial et de l’ICOMOS.
Trois organismes étaient associés à l’élaboration de cette candidature : 
  • la Société Française des Amis de Saint-Jacques et Centre d’Etudes Compostellanes
  • l’Agence des chemins de Compostelle
  • la Fédération Française de la Randonnée Pédestre
 
Documents en téléchargement :

De nos jours, dans le contexte international d’une concurrence exacerbée par la mondialisation des échanges, les candidatures se multiplient. L’inscription est convoitée car elle apporte des opportunités de développement.

L’UNESCO a réagi en rehaussant ses exigences afin que les stratégies de développement durable prennent en compte les patrimoines comme une ressource précieuse et qu’elles servent à la fois la conservation et la transmission du patrimoine. Il s’agit de concilier l’approche patrimoine mondial d’un territoire à des fins de développement économique durable adossé à la culture, avec la poursuite de l’idéal universel de la Convention.

L’organisation du Bien 868 et le plan de gestion qui reste à coproduire visent à conserver son inscription et à l’adapter rétrospectivement aux exigences nouvelles.

 

Le Bien n°868 : un bien culturel

Aux termes de la Convention, les biens culturels sont l’œuvre des hommes.

Le bien « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » est un bien culturel.

Il ne s’agit ni d’un patrimoine naturel (malgré les sections de sentier), ni d’un paysage culturel linéaire : les éléments retenus sont isolés et discontinus.

 

Le Bien n°868 : un bien en série

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France constituent un bien en série : à la différence d’un monument isolé ou d’un centre urbain, ils sont inscrits sous la forme d’une collection d’éléments discontinus répartis dans 10 régions.

Cela signifie que cette collection de 71 édifices et de 7 sections de sentier est considérée par l’UNESCO comme un bien unique. Chacune de ces 78 composantes contribue à la valeur de l’ensemble du bien en lui apportant une part de signification. Seul cet ensemble en tant que tel justifie une inscription sur la Liste du patrimoine mondial.

Ainsi, si jamais une seule des composantes venait à ne plus satisfaire aux critères d’exigence de l’UNESCO, c’est l’ensemble du bien qui pourrait perdre le label.

Cela implique une gestion solidaire portée par une organisation en réseau des propriétaires et des gestionnaires autour de valeurs communes et d’un projet partagé.

La diversité du bien en images :


 

La Valeur Universelle Exceptionnelle du Bien n°868

En 2012, dans le cadre de la mise aux normes de la gestion du Bien n°868 et pour répondre aux exigences renforcées de l’UNESCO, un document a été coproduit par l’Agence des chemins de Compostelle et le Ministère de la Culture. Cette déclaration est un texte court : elle précise la Valeur Universelle Exceptionnelle du bien sur la base du dossier présenté en 1998.

Ce document fournit l’argument essentiel de communication sur le bien. Il doit faire l’objet d’une validation par le comité du patrimoine mondial.

Document en téléchargement :
Déclaration de Valeur Universelle Exceptionnelle (DVUE)

 

Les critères de justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle du Bien n°868

3 critères ont été retenus :

Critère (ii) 

La route de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle a joué un rôle essentiel dans les échanges et le développement religieux et culturel du Moyen Age, comme l’illustrent les monuments sélectionnés en France. Grands sanctuaires cités dans le Codex Calixtinus, hôpitaux d’accueil des pèlerins, ponts et chemins ou humbles lieux de dévotion illustrent matériellement les voies et conditions du pèlerinage pendant des siècles.

 

Critère (iv) 

Les besoins spirituels et physiques des pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle furent satisfaits grâce à la création d’un certain nombre d’édifices spécialisés, dont beaucoup furent créés ou ultérieurement développés sur les sections françaises. Les grandes basiliques de pèlerinage, dont peu subsistent, sont un exemple particulièrement abouti de cet aspect de l’architecture médiévale.

 

Critère (vi) 

Le pèlerinage est un aspect universel de la spiritualité de l’homme. Les routes de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle sont un témoignage exceptionnel de l’influence de la foi chrétienne dans toutes les classes sociales de l’Occident au Moyen Age.

 

Comprendre la Valeur Universelle Exceptionnelle du Bien n°868

Les critères retenus permettent d’analyser le choix des composantes du bien n°868  :
  • Critère (ii) :
    • illustre des échanges de tous ordres (artistique, économique, politique) auxquels le pèlerinage a donné lieu.
    • exprime une linéarité géographique en balisant régulièrement le parcours à travers la sélection d’édifices.

  • Critère (iv) :
    • illustre les trois fonctions liées aux besoins des pèlerins : la dévotion, le franchissement d’obstacles, l’hospitalité et les soins.
    • exprime le développement chronologique du pèlerinage entre le XIe et le XVe siècle à partir d’édifices significatifs.

  • Critère (vi) :
    • marque que la tradition médiévale du pèlerinage est reliée à une pratique vivante dans la société contemporaine, et que cette tradition inspire une itinérance comme une créativité intellectuelle et des échanges humains.

 

Ainsi, la position sur une route empruntée par les pèlerins au Moyen Age ne constitue pas l’unique explication de cette sélection. Cette dernière illustre surtout le pèlerinage médiéval à travers :
  • la dévotion à saint Jacques, à la Vierge et à d’autres saints (parfois indépendamment des itinéraires pèlerins)
  • la christianisation
  • l’hospitalité, les soins
  • le cheminement, le franchissement d’obstacles
  • les échanges religieux, culturels ou artistiques avec la péninsule ibérique

 

Par ailleurs, l’itinérance culturelle et spirituelle tisse du lien entre les composantes de la collection. Elle revivifie le phénomène du pèlerinage tout en le réinventant dans ses modalités, ses mobiles ou ses valeurs. Par conséquent, la pratique actuelle de l’itinérance restaure la signification de cet héritage culturel tout en restituant une visibilité aux composantes éparses de la collection. L'aspect « itinérance » doit donc être pris en compte dans le plan de gestion du bien.

 

La candidature à l'inscription du bien n°868 a été bâtie sur la base des connaissances de l’époque. La compréhension de chaque composante et son apport de signification à la collection nécessitent ainsi des approfondissements scientifiques. Il appartient aux commissions locales de diagnostiquer les besoins en études supplémentaires qui viendraient illustrer, nuancer et conforter la justification de la composante. De surcroît, ces éléments de connaissance seront nécessaires pour décliner le projet culturel et scientifique du bien et pour fournir les éléments de communication et de médiation propres à chaque composante.