L’UNESCO et la prise de conscience du patrimoine

« Les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes. C’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »
Ellen Wilkinson, extrait de l’acte constitutif de l’Unesco, 16 novembre 1945

L’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) naît au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, avec pour objectif la création d’un mouvement international pour préserver le patrimoine.

En effet, les destructions opérées durant le conflit sont à l’origine de la prise de conscience de la valeur universelle du patrimoine et de la nécessité de préserver l’héritage de nos ancêtres pour le transmettre aux générations futures.

Les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial sont ainsi investis d’une Valeur Universelle Exceptionnelle. Leur perte serait irremplaçable pour la compréhension des cultures, des civilisations et de l’environnement humain.

Le premier événement qui a suscité une mobilisation internationale a été la décision de construire le barrage d’Assouan en Egypte. La vallée où se trouvaient les temples d’Abou Simbel et de Philae, trésors de la civilisation de l’Egypte ancienne, allait être engloutie sous les eaux. En 1959, l’UNESCO lance une campagne internationale de sauvetage. La recherche archéologique dans les zones qui allaient être inondées a alors été accélérée, et les temples d’Abou Simbel et de Philae ont pu être démontés, déplacés et réassemblés.

Temple de ramsès II, Abou Simbel ©Emmanuel Pivard
Temple de ramsès II, Abou Simbel ©Emmanuel Pivard

Dans les années 1960 et 1970, d’autres sites tels que Venise (Italie), Mohenjo Daro (Pakistan), ou encore les temples bouddhiques de Borobudur (Indonésie), bénéficièrent d’opérations de sauvetage internationales. En plus de préserver des patrimoines inestimables, ces opérations permirent également de faire progresser leur connaissance localement et mondialement, de faire émerger la notion de patrimoine commun de l’humanité, et de préparer la convention du patrimoine mondial de 1972.

Ruines archéologiques de Mohenjo Daro©unesco
Ruines archéologiques de Mohenjo Daro©unesco
Venise©unesco
Venise©unesco

La Convention du patrimoine mondial

Depuis 1972, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine mondial culturel et naturel définit les sites naturels ou culturels qui méritent d’être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

En signant la Convention, chaque pays s’engage à assurer la bonne conservation des sites du patrimoine mondial situés sur son territoire et à coopérer au plan international pour aider à la sauvegarde du patrimoine. La Convention encourage les Etats parties à sensibiliser le public aux valeurs des biens du patrimoine mondial et à améliorer leur protection par des programmes d’éducation et d’information.

Un peu de pédagogie…

Un guide touristique, une enseignante avec sa classe, des hébergeurs appliqués à l’écoute et au confort de leurs hôtes, des autorités s’efforçant de faire respecter des règles, un conteur sachant partager l’esprit d’un lieu avec son public…

Riverains qui échangent avec l’étranger en chemin, croyants de toutes confessions et incroyants qui échangent sur le sens de l’Humain, bénévoles appliqués à renseigner, baliser ou accueillir à l’étape celui qui chemine depuis des jours…

Vous, nous, individus, groupes, randonneurs, pèlerins, touristes, habitants et bénévoles d’associations…Nous tous sommes les gardiens du patrimoine mondial ! Chacun est relié aux autres : échanger, partager et coopérer sont essentiels pour produire de la cohésion et de la qualité le long des itinéraires.

Les patrimoines de l’UNESCO 

Le patrimoine matériel

La Convention de l’UNESCO de 1972 reconnaît trois sortes de patrimoines matériels :

  • Le patrimoine culturel : il inclut les monuments ou les ensembles de monuments qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art, de la science, de l’ethnologie ou de l’anthropologie.
  • Le patrimoine naturel : il inclut les monuments naturels, les espaces naturels d’habitat pour la faune et la flore, les formations géologiques, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue esthétique ou scientifique, du point de vue de la science ou de la conservation de la beauté naturelle.
  • Le patrimoine mixte culturel et naturel : il est le produit combiné de la nature et de l’adaptation de l’homme dans cette nature.

Le patrimoine immatériel

Le patrimoine ne peut se limiter aux seules traces tangibles des cultures. Aussi vitales, et plus fragiles encore, sont les langues, les traditions orales, la danse, les arts du spectacle, les rituels et évènements festifs, l’artisanat, les coutumes, les croyances.
C’est le patrimoine immatériel. Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation.

L’Unesco veut éviter que ne se rompe la chaîne de transmission culturelle entre générations qui permet à chaque peuple de continuer à se ressourcer en lui-même tout en se nourrissant d’échanges et en intégrant les mutations du monde. C’est tout le sens de la sauvegarde des cultures traditionnelles et populaires recommandée par l’Unesco en 1989. Depuis 2003, il existe une Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel : Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel – patrimoine immatériel – Secteur de la culture – UNESCO

En 2025, la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel compte 788 éléments protégés, dans 150 pays, dont 30 en France.

Le patrimoine menacé

Une Liste du patrimoine mondial en péril recense les biens dont l’état de conservation est fragile. En 2025, 56 sites y sont inscrits. On y trouve par exemple le paysage culturel et les vestiges archéologiques de la vallée de Bamiyan (Afghanistan), où deux Bouddhas géants ont été détruits en 2001, ou encore la ville de Tombouctou (Mali), qui subit les destructions liées au conflit malien depuis 2012. Et bien d’autres sites sont malheureusement en danger.

Le but de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril est de coordonner en priorité tous les efforts internationaux pour sauvegarder les sites menacés.

Bouddha détruit dans la vallée de Bamiyan©Unesco
Bouddha détruit dans la vallée de Bamiyan©Unesco
Manuscrits de Tombouctou ©unesco
Manuscrits de Tombouctou ©unesco

Les sites français du patrimoine mondial 

En 2025, 1 223 sites dans le monde sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. La France en compte 53.

L’association des Biens français du patrimoine mondial (ABFPM) réunit la plupart des sites français en un réseau de partage et d’échange : www.assofrance-patrimoinemondial.org

Beffrois de France et de Belgique©Editions Gelbart
Beffrois de France et de Belgique©Editions Gelbart
Piton de la Fournaise (La Réunion)©Hervé Douris
Piton de la Fournaise (La Réunion)©Hervé Douris