Les recherches actuelles démontrent que le tombeau de saint Jacques fut probablement découvert sous l’épiscopat de Théodomire, donc après 818 et avant 847.
La nouvelle de la découverte du tombeau de saint Jacques se répandit très vite, même en l’absence du récit des circonstances qui l’entourèrent. Pour attirer sur une voie terrestre des pèlerins de plus en plus nombreux, le roi de Castille crée un « chemin » qui suit en majeure partie le tracé de l’ancienne voie romaine. Mis en oeuvre dès les années 1070, cet itinéraire sera décrit vers 1125-1130 (le « Guide du Pèlerin à Saint-Jacques de Compostelle »), puis copié dans le Codex Calixtinus trente ans plus tard. L’importance du pèlerinage incite alors de grands monastères étrangers, comme Cluny, à chercher à obtenir des maisons le long de ce « chemin des Francs » ou camino francés.
Entre 1070 et 1170, Saint-Jacques de Compostelle se dote d’une nouvelle église (qui peut contenir plus de 2500 personnes) et de textes qui fondent la spiritualité du pèlerinage et relatent son histoire. Parmi ces textes se trouve l’« Histoire de Turpin », élaborée dans l’école cathédrale vers 1090-1100, qui attribue à Charlemagne la découverte du tombeau de l’apôtre et la création du « chemin français » ; ce récit, entièrement inventé, avait pour but de prouver au pape la véracité de la présence du corps de saint Jacques en Galice. En 1164, il sera mis à profit par l’empereur Frédéric Barberousse pour faire canoniser Charlemagne.
La large diffusion du culte de saint Jacques à généré une vénération soutenue, dont les traces sont aujourd’hui fréquemment visibles, en de nombreux endroits. Toutefois, la présence du culte ou de références à saint Jacques en un lieu donné ne signifie pas qu’il s’agissait d’un lieu de pèlerinage ou de passage de pèlerins. Cette présence témoigne aussi tout simplement de la dévotion à ce saint, populaire et familier, dont l’image a essaimé sur les territoires.
L'abbaye Saint-Pierre de Moissac, fille de Cluny©jjgelbart_acir |
À partir du Xe siècle, les premiers pèlerins étrangers se rendent à Compostelle. Il existe peu de sources à ce sujet, mais une information certaine nous est toutefois parvenue : le premier pèlerin étranger connu est Godescalc, évêque du Puy-en-Velay. Entre 950 et 951, il effectue à cheval le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, accompagné d'une nombreuse suite. A son retour, il fait édifier l'église Saint-Michel-d'Aiguilhe, consacrée en 962. Attention, Godescalc est certes le premier pèlerin étranger connu à s’être rendu à Compostelle, mais il n’est probablement pas le tout premier pèlerin étranger à s’être recueilli sur la tombe de l’apôtre. En effet, les noms de pèlerins étrangers précédents ont tout aussi bien pu se perdre dans les méandres de l’Histoire…
Saint Michel Aiguilhe©jjgelbart_acir |
Saint Jacques est si populaire que les églises ou chapelles qui lui sont dédiées se multiplient partout en Europe. Mais elles ne sont pas des haltes pour les pèlerins en route, comme on le croit trop souvent ! Elles sont des milliers de traces de la dévotion du peuple qui se place sous la protection de ce « fils du tonnerre ». Confréries, statues, peintures, vitraux, rappellent sa vie et ses miracles. Son culte est apporté aux Amériques par les Conquistadors. Il est ainsi le saint protecteur de l’Espagne, mais aussi du Nicaragua et du Guatemala.