La théorie des quatre chemins vers Compostelle, doté chacun d’un point de départ, est très contemporaine. Le pèlerin médiéval partait de chez lui et, s’il ne rejoignait pas une « tête » de chemin comme souvent le pèlerin actuel, il rejoignait la grande voie la plus proche.
Aux XIe et XIIe siècles, Saint-Martin de Tours, Notre-Dame du Puy, Sainte-Madeleine à Vézelay, les Alyscamps d’Arles, Saint-Gilles du Gard, comme Notre-Dame de Rocamadour, Saint-Michel à Bari, puis plus tard Saint-Antoine-en-Viennois ou Sainte-Catherine de Fierbois et bien d’autres sanctuaires faisaient l’objet d’une dévotion soutenue et étaient des buts de pèlerinage : le Puy-en-Velay pour sa Vierge noire, Tours pour ses reliques de saint Martin, Vézelay pour ses reliques de Marie-Madeleine, Arles pour sa nécropole où la légende de Charlemagne avait placé les sépultures de plusieurs de ses chevaliers morts à Roncevaux…
En réalité il a pu y avoir autant d’itinéraires que de pèlerins. Ceux-ci se déplaçaient de sanctuaire en sanctuaire. Ils étaient attirés par la réputation des reliques et par les secours qu’ils trouveraient au long d’une route.
Les pèlerins ignoraient tout du « guide » puisque ils ne le connaissaient pas : il a été très peu copié et sa diffusion et son influence, en l’absence de l’imprimerie, furent très faibles.
Il est hasardeux d’avancer des chiffres de fréquentation : impossible d’évaluer sérieusement le nombre de pèlerins se rendant à Compostelle au Moyen-Age.
En revanche, cela est tout à fait possible de nos jours : en 2019, l’archevêché de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle recevait 347 578 pèlerins.
L’Ordre de Cluny s’est surtout préoccupé non de la circulation des pèlerins, mais de propager la réforme grégorienne en Espagne. Ses abbayes ont tissé des liens politiques et économiques de part et d’autre des Pyrénées.