L'itinéraire par l'abbaye de Fontcaude, itinéraire de liaison entre la voie d'Arles et la voie des Piémonts.
Sentier muletier, chemin de colportage, itinéraire tracé à travers la garrigue et les vignes pour relier la montagne à la plaine, des châtaigneraies aux rives de la Méditerranée... ce chemin par l’abbaye de Fontcaude, « Camin Nostre » comme il est appelé dans le pays, est jalonné de petits villages languedociens. Il est remarquable par son paysage ou son petit patrimoine et se présente comme un balcon d’où l’on aperçoit le golfe du Lion. Il est tracé au coeur du pays Haut-Languedoc et Vignobles, doué d’une identité paysagère et patrimoniale forte, jalonné des traces des cultes antiques, marqué par l’éternel flux de circulation des hommes et de leurs produits depuis la préhistoire.
Si les jacquets d’aujourd’hui arpentent le GR®653, voie d’Arles, les recherches historiques les font apparaître dans un large couloir de circulation. C’est que le bas-Languedoc est un isthme de passage. Les romains y ont tracé des voies de communication et notamment, la célèbre Via Domitia. Ils y ont fondé la Narbonnaise qui sera la porte d’entrée de la civilisation romaine puis de l’expansion du christianisme en Gaule. Cet itinéraire offre à travers ses villages, d’anciens châteaux, des églises ou ses paysages, une synthèse de la vénérable histoire de cette province du Languedoc. Elle est marquée par la langue d’oc, les troubadours et un goût des débats et de la liberté qui y ont engendré des résistances dans les domaines de la religion (les hérésies) comme de la politique (le socialisme municipal au début du 20ème siècle, la révolte des Vignerons de 1907…).
La tradition du pays garde la mémoire des jacquets allant et venant entre deux couloirs de circulation : celui de la Via Domitia dans la plaine, celui des vallées de franchissement de la montagne noire vers St Chinian ou St-Pons de Thomières. Ainsi, l’abbaye de Fontcaude, possession de l’Ordre des Prémontrés et plantée au centre de cet itinéraire, conservait autrefois une mâchoire de saint Laurent susceptible d’attirer des pèlerins. Un rare chapiteau du 14ème siècle nous y montre un pèlerin portant coquille sur sa besace et atteste ainsi d’une réalité tangible de circulation dans ce territoire. Ici et là, une confrérie, une statue, une coquille attestent de la dévotion jacquaire. Depuis 1986, une confrérie désireuse de rappeler l’intimité de la tradition jacquaire de la région y a repris naissance. Elle tient chapître tous les 25 juillet et célèbre saint Jacques à travers une programmation culturelle. Elle a pris le nom de Fraternité jacquaire de Septimanie.
Capestang est une halte et un carrefour : la via Domitia y a été tracée. Au moyen âge, le passage des pèlerins y est attesté parmi les voyageurs qui se dirigent vers Narbonne ou vers Carcassonne. Sous Louis XIV, Riquet y perce le canal des deux-Mers. L’autoroute A 9 et la future ligne de train à grande vitesse sont tracés suffisamment loin pour ne pas rompre le charme de ce paysage méridional dominé par la vigne. Le sentier vous y conduit ou vous permet d’en partir en direction de l’arrière pays.
Aujourd’hui, le sentier GR®78-7 est un itinéraire de liaison entre l’itinéraire d’Arles vers Saint-Jacques de Compostelle depuis Saint-Gervais sur Mare (GR®653) et l’itinéraire des Piémonts vers Saint-Jacques de Compostelle (futur GR®78-1) à Capestang. Il est balisé en rouge et blanc et à double circulation : vers la montagne ou vers la plaine. Ultérieurement il sera prolongé jusqu’à Narbonne, ancienne capitale politique et religieuse du Languedoc.
Il n’y a pas de grande ville à traverser. L’itinéraire est essentiellement rural.
Proposition de découpage issue du topo-guides de la FFRP "Tours dans le Pays Haut Languedoc et Vignoble"